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Au bruit, le mari de Fatimata fait une entrée sensationnelle. Il est couvert de cendre et vêtu de loques extraordinaires.

Fatimata (hors d'elle, accusant le colporteur): E de ŋka taafe bolo la yereke! — C'est toi qui a tiré le bout de mon pagne !

Le mari (furieux, s'adressant au colporteur): Ha! E de be ne moso ka taafe bolo la yereke! I te ni fla ke!-Ah! c'est toi qui as tiré le bout du pagne de ma femme, tu ne le feras pas deux fois!

Ce disant, il se précipite sur le colporteur, le frappe à grands coups de poing, et le poursuit hors de la place tandis que Fatimata se sauve

de son côté.

II. Le Poltron vantard

Personnages: Le poltron.

La femme du poltron.

Les trois enfants.

Le brigand.
L'orchestre.

Le poltron s'avance, il est vêtu de loques et tient un arc démesuré et un carquois sous le bras gauche. Sa femme le précède, portant sur la tête une charge volumineuse qui contient les bagages de la famille; trois enfants marchent devant elle. L'homme chante:

Yorosale nyo yɛ n'ye, kamale yorosale nyon ye n'ye, ntanso nyineni dyuru e ŋgã kala fu yɛ.1 — Je suis un étranger craintif, je suis un homme craintif: une natte faite de ntanso attachée avec de la fibre de gombo!

Il fait ainsi quatre ou cinq fois le tour de la place, le chœur lui répond en répétant les paroles de son chant:

Dyaroya gwale be an'fe ye kodiugu ne naara ye dogo au fe yã.- Un brigandage affreux sévit là-bas chez nous, aussi je viens me cacher ici, chez vous.

Il y a dans cette phrase plusieurs expressions qui doivent être expliquées. Yorosale indique le tremblement du peureux qui craint tout; nyineni est une natte servant tantôt pour se coucher, tantôt pour obturer les portes; on fait d'ordinaire ces nattes en grosse paille solide et résistante: Tie Kala, quelquefois avec une autre paille moins forte, moso waga, mais jamais avec l'herbe ntanso, légère et cassante lorsqu'elle est sèche. La fibre de gombo, qui se brise au moindre effort, n'est pas utilisée non plus pour assembler les éléments d'une natte. En se comparant à quelque chose fait de paille légère et de liens fragiles l'acteur indique son caractère au public.

G

Un musicien: Dyaroya te anu fɛ yã, fo ni mi'naara kaa bɔ au fɛ yɛɛ nde! - Il n'y a pas de brigands ici, à moins qu'il n'en vienne de chez vous là-bas !

Après cette réplique le poltron recommence à danser et à chanter. A ce moment entre avec calme un brigand grimé de manière effrayante et portant sur l'épaule un long bâton en guise de fusil. Il considère l'endroit avec tranquillité, puis ses yeux s'arrêtent sur les enfants, il s'approche, tourne autour d'eux, les examine successivement avec le plus grand soin; son choix se fixe sur le dernier, qu'il saisit malgré sa résistance et met sous son bras. Cela fait, il se retire à pas lents.

Pendant toute cette scène la mère a donné des signes de grande agitation, et tenté vainement d'attirer sur le ravisseur l'attention de son mari, en le tirant d'abord à petits coups par sa blouse, puis plus fort jusqu'à ce que l'étoffe se déchire et lui reste dans la main, enfin en le frappant à grands coups dans le dos. L'homme s'inquiète lorsque le brigand se retire, et son activité augmente à mesure que ce dernier s'éloigne; il le cherche dans toutes les parties de la place où il ne se trouve pas. Chaque fois que le brigand se tourne vers lui il s'éloigne précipitamment, et revient dès que l'autre s'est écarté. Enfin le ravisseur quitte la place après plusieurs jeux de scène analogues; le poltron reprend aussitôt son assurance, il se dirige résolument vers l'endroit où l'autre a disparu avec l'enfant, met en état le vieil arc qu'il porte à la main, y ajuste soigneusement une flèche, et tire en criant: Baoum! comme s'il lâchait un coup de fusil.

La femme s'approche de son mari et lui reproche avec véhémence sa couardise, le menaçant de le quitter s'il ne la protège pas mieux ainsi que ses enfants. Elle se recule et exprime par des mines bien appropriées son mécontentement et sa colère.

Bientôt le brigand reparaît et la même scène se reproduit pour l'enlèvement du second et du troisième enfant.

Restée seule avec le poltron, la femme apostrophe de nouveau ce dernier, et quand le brigand se représente elle le suit. Le mari se rapproche alors de l'orchestre:

Un musicien: Eh bien ! voici tous les enfants enlevés !

Le poltron: Oui, c'est vrai, mais je m'en moque; ils n'étaient pas de moi, ils sont de mon camarade Moussa!

Un musicien: Et ta femme?

Le poltron (avec une assurance et une énergie grandissante): Je ne l'aimais pas, sans quoi je l'aurais défendue, car je suis brave. D'ailleurs, maintenant que je suis libre, je vais pouvoir agir à ma guise, et si le ravisseur revient vous verrez de quoi je suis capable. Je l'attaquerai, je le percerai de flèches, je l'abattrai, je l'étendrai sur la terre, je le tuerai, je le couperai en morceaux.

A ces derniers mots le brigand est entré derrière lui, le poltron se retourne, l'aperçoit et prend la fuite.

Le brigand (d'une voix de tonnerre): Arrête !... Ne bouge plus.... Lâche tes flèches!... Croise les mains derrière le dos.

Le brigand s'approche alors, attache les poignets du peureux, fait

marcher ce dernier devant lui et l'emmène en le bousculant et en le frappant.

III. La Femme adultère
Personnages: Le mari.

La femme.
L'amant.

Le chœur.
L'orchestre.

Un homme bizarrement accoutré et couvert de cendre entre en scène avec sa femme, qui va se placer au centre. Le mari s'approche alors de l'orchestre en disant:

Je suis exaspéré par l'inconduite persistante de ma femme, c'est pourquoi j'ai quitté mon village pour m'éloigner de ses amants; je viens me réfugier ici. Un musicien: Tu as bien fait, il n'y a ici que la paix et surtout on n'y trouve pas ces petits jeunes gens qui courent après toutes les femmes. A moins qu'il n'en vienne de ton ancien village tu peux être tranquille chez nous.

A ces mots le mari témoigne sa joie en sautant, en tournant sur luimême et en dansant. Il prend ensuite une houe, un panier, et annonce qu'il part dans la brousse pour chercher des larves de termites destinées à nourrir ses poulets.

A peine a-t-il disparu qu'arrive l'amant de la femme. Celle-ci s'empresse autour de lui, puis se dépêche de lui confectionner un plat succulent, avec de la viande et une bonne sauce. Le couple mange et se couche. Presque aussitôt le mari reparaît, pose son panier, appelle

ses volailles et commence à casser des morceaux de termitière pour en faire sortir les larves.

Le mari (tourné vers l'endroit où repose le couple): Fatimata!... Fatimata!... Fatimata! Hé! donne-moi à boire...

La femme ne répond pas, mais les appels se font plus pressants, elle dit alors d'une voix dolente: 'J'ai la fièvre; ma tête me fait mal, mon corps entier me fait mal, je ne puis me lever.'

L'homme hausse les épaules et repart, tandis que derrière lui les deux amants témoignent leur joie d'être seuls, et dansent au son de l'orchestre en se tenant par le cou.

Après quoi la femme se remet à faire la cuisine, le couple mange et se couche de nouveau. A la rentrée du mari les deux complices, surpris, se lèvent brusquement.

Le mari: Qui est celui-ci?

La femme (précipitamment et d'une voix aiguë): C'est ma petite sœur; elle est venue de notre village pour me visiter.

Le mari, peu convaincu, s'approche de l'amant et l'examine, malgré les efforts du jeune homme, qui cherche à se faire passer pour une femme, dont il prend les attitudes et le maintien. Ce jeu de scène, très goûté de l'assistance, dure assez longtemps, puis la vérité est découverte par le mari, qui expulse le séducteur en le rouant de coups, tandis que la femme s'enfuit.

IV. Le Chasseur trompé

Personnages: Le chasseur.

Niellé, femme du chasseur.
L'amant de Niellé.

Le chœur.
L'orchestre.

Le chasseur, portant un bâton sur l'épaule en guise de fusil, entre en scène, précédé de sa femme, se dirige vers l'orchestre et s'adresse à un musicien:

Je vais séjourner ici pour visiter votre brousse et voir s'il y a un peu de chasse, mais ma femme est avec moi et je voudrais la loger avant de partir; ne pourrais-tu me montrer une maison où elle serait bien en mon absence?

Le musicien: C'est du gibier que tu cherches? Il y en a pas mal dans les environs.

Le chasseur: Est-ce bien vrai? Peut-on seulement voir des traces?

Le musicien: Des traces! Mais il y a ici des troupeaux de buffles, d'éléphants, de lions, de kobas et d'antilopes de toute espèce ! Les bêtes sauvages viennent jusque dans ce village et détruisent malheureusement nos récoltes parce que nous n'avons pas de chasseur. C'est aussi pour cela que nous ne mangeons jamais de gibier.

Le chasseur: Tiens! Tiens! Mais dites-moi, n'y a-t-il pas de jeunes gens ici? Parce que ma femme . . .

Un autre musicien: Si tu as des craintes, envoie-la loger chez moi. Les jeunes gens ne passent jamais devant ma porte et à moins que ta femme n'ait de mauvaises habitudes...

Le chasseur: Eh bien! soit! C'est entendu, et puisque la chose est arrangée je vais aller faire un tour dans la brousse.

Il s'éloigne de l'orchestre en dansant un pas de chasseur et en agitant son fusil. Bientôt il est entouré par d'autres acteurs, marchant quatre pattes et représentant les animaux sauvages, qui s'approchent et s'éloignent, suivant les figures d'un ballet assez lent et bien réglé.

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Le chasseur les aperçoit et mime de son côté la poursuite du gibier, se baisse, se dissimule derrière des arbres ou des buissons, prend toutes les précautions voulues pour l'approche, et, quand il est à bonne portée, ajuste son arme, vise soigneusement et tire en criant: Bâ! pour simuler la détonation. Dès que le coup de fusil est parti le chasseur se précipite pour relever sa proie, mais chaque bête visée s'éloigne en dansant, et bientôt l'homme reste seul, courbé sur des traces fugitives, qu'il scrute de l'œil et touche du doigt. Enfin il indique par gestes qu'il est fatigué et se dirige vers l'orchestre.

Un musicien: Bonne chasse, Karamoko! Bonne chasse !

Le chasseur (d'un air distrait): Merci, merci!

Un autre musicien: Voilà notre Karamoko de retour; vite, préparez-vous, mes amis; allons chercher dans la brousse les bêtes qu'il a abattues, afin de les rapporter, les débiter, les découper, en distribuer la viande aux cuisinières. Ah! c'est un fameux repas que nous allons faire ! Venez vite !

Le chasseur: Arrêtez!

1 Karomoko, ou mieux Karamǝyǝ, peut se traduire ici par Maître; c'est un titre que se donnent certains lettrés mandingues et que les chasseurs réunis en sociétés s'attribuent assez souvent quand ils ont fait leurs preuves.

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